Depuis 2014, je suivais via Facebook le travail de Zoé et Ferdinand à travers Graines et cinéma, leurs collectes de graines auprès d'agriculteurs en France pour les apporter aux réfugiés au Liban, leur traversée de l’Europe en camion afin d’acheminer ces graines. Et puis ils se sont installés au Liban. Avec un projet magnifique.
C’est à quelques kilomètres de la frontière syrienne, au pied des collines de l’anti-Liban, dans cette plaine fertile qu’est la Békaa. Une poignée de militants, aussi énergiques qu’enthousiastes, français, libanais, syriens, ont créé une ferme école. Un terrain, une maison, un local pour enseigner, un grand auvent au-dessus de tables en bois, un poulailler, quelque moutons, et puis surtout des plantes : des légumes, des fleurs, des légumineuses, des plantes aromatiques.
Ainsi qu’une fabuleuse détermination à transmettre : depuis un an, l’association Buzurna Juzurna (Nos graines, nos racines) organise des formations pour les réfugiés. En quelques semaines, les participants viennent s’initier aux techniques de bases de l’agriculture sans pesticides, du compost, ils apprennent à produire eux-même graines et semences, à traiter les plantes avec des moyens naturels, à fabriquer des biopesticides, ainsi que quelques notions d’apiculture et de conservation traditionnelles des aliments.
Par la suite, nombre d’entre eux font des jardins dans les maisons où ils habitent, ou même dans les camps. Ou bien sont employés par d'autres ONG afin d’organiser des jardins partagés dans les camps de réfugiés et de transmettre ces techniques.
C’est à quelques kilomètres de la frontière syrienne, au pied des collines de l’anti-Liban, dans cette plaine fertile qu’est la Békaa. Une poignée de militants, aussi énergiques qu’enthousiastes, français, libanais, syriens, ont créé une ferme école. Un terrain, une maison, un local pour enseigner, un grand auvent au-dessus de tables en bois, un poulailler, quelque moutons, et puis surtout des plantes : des légumes, des fleurs, des légumineuses, des plantes aromatiques.
Ainsi qu’une fabuleuse détermination à transmettre : depuis un an, l’association Buzurna Juzurna (Nos graines, nos racines) organise des formations pour les réfugiés. En quelques semaines, les participants viennent s’initier aux techniques de bases de l’agriculture sans pesticides, du compost, ils apprennent à produire eux-même graines et semences, à traiter les plantes avec des moyens naturels, à fabriquer des biopesticides, ainsi que quelques notions d’apiculture et de conservation traditionnelles des aliments.
Par la suite, nombre d’entre eux font des jardins dans les maisons où ils habitent, ou même dans les camps. Ou bien sont employés par d'autres ONG afin d’organiser des jardins partagés dans les camps de réfugiés et de transmettre ces techniques.
Ce samedi c’était la clôture d’une de ces formations. Les participants, hommes et femmes, arrivent dès le matin, leur cahiers sous le bras, échangent autour d’un café ou d’un thé. Ils parlent très volontiers. Un syrien d’une soixantaine d’années, qui réside au Liban depuis longtemps me dit clairement : la chose que j’ai le plus appris ici, en plus de toutes les techniques, c’est l’attitude : l’accueil et la bienveillance, et l’égalité entre tous. Tout le monde se parle. Et ça c’est exceptionnel.
Au fil de la journée, on passe du temps ensemble, il y a beaucoup de sympathie, de l’ennui un peu, de l’observation mutuelle, … et puis des moments où les gens commencent à me raconter des choses, à parler d’eux-mêmes, à confier des fragments de vie, des problèmes, des trajectoires.
Au fil de la journée, on passe du temps ensemble, il y a beaucoup de sympathie, de l’ennui un peu, de l’observation mutuelle, … et puis des moments où les gens commencent à me raconter des choses, à parler d’eux-mêmes, à confier des fragments de vie, des problèmes, des trajectoires.
Pour certains comme Walid, qui vit et travaille à la ferme, la vie n’est pas très différente de celle qu’il menait dans le Nord d’Alep, il était agriculteur et est très heureux d’avoir pu passer de l’utilisation des pesticides à une agriculture organique. Il apprend a conjuguer pratiques traditionnelles et nouvelles acquisitions.
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Pour d’autres c’est une vraie découverte, Abou A. est originaire de Zabadani, de l’autre côté de la frontière. Il a fui les premiers bombardements en 2011 avec ses 6 enfants, après la mort de sa femme. Il s’est reconverti comme chef occasionnel et cuisine pour des mariages. Il me montre les photos d’un four qu’il a construit, sorte de barbecue enterré. Après plusieurs formations ici, il cultive ses propres légumes et n’a rien acheté au marché ces mois d’été.
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C’est donc une éducation à l’autonomie alimentaire. Une redécouverte de ce que l’on peut faire soi même, comme de savoirs-faire ancestraux. Alors même que la plupart des réfugiés souffrent de ne plus être maître de leurs destin mais d’être tributaires de décisions politiques dont ils sont l’objet, comme d’aides humanitaires diverses. Redevenir acteur de son existence, en maitriser un aspect fondamental. Imaginer aussi transmettre, ici et plus tard, quand ils rentreront en Syrie.
Au delà de l’apprentissage agricole, il y a celui de la coexistence de différentes univers culturels. Ces paysans du nord de la Syrie, qui viennent de régions très reculées où les mariages des jeunes filles sont arrangés dès leur 14 ans, où la polygamie est parfois encore de mise, découvrent dans le respect mutuel qu’il y a d’autres façons de vivre. L’un d’eux disait avec un grand sourire : ah oui chez vous, c’est un autre système que chez nous. Avant de me raconter les cours de yoga organisés devant la ferme par les amis français. Il en va de la composition des conserves : les aubergines sont conservées dans l’huile à la syrienne, pour les tomates séchées, on va ajouter du romarin, c’est ce qu’aiment les Européens, on apprend à utiliser le basilic, inconnu de la cuisine orientale, comme des différentes façons de vivre. On peut apprendre, faire des ponts, coexister. |